La mise au pas selon Günther ANDERS
Puisque personne n’a la possibilité de choisir son époque; puisque personne ne peut choisir « son monde » parmi les mondes possibles; et puisque finalement personne ne peut vivre sans vire à l’intérieur de l’époque où il est né, tout le monde est mis au pas. Cela ne touche pas seulement monsieur Dupond, mais aussi ceux dont c’est le métier de critiquer l’époque et parmi eux l’auteur de ces lignes ainsi que les lupenprolétaires par vocation d’aujourd’hui, à savoir les « beatniks » [je dirais les « punks à chiens » ndlr]. Il suffit qu’ils décrochent le téléphone ou allument cet électrophone qu’ils aiment tant – ne serait-ce qu’une seule fois- pour prouver qu’ils font eux aussi partie du système qu’ils prétendent refuser en bloc; et pour prouver également que, même s’ils ne font pas comme les autres, ils doivent néanmoins renoncer à leur polémique contre le système.
Günther ANDERS (1970)
« L’OBSOLESCENCE DE L’HOMME – Tome II – Sur la destruction de la vie à l’époque de la troisième révolution industrielle. »
Editions Fario, pp140-141