Racolage – Günther ANDERS
Pensez à toutes les fois où vous n’avez pas ouvert tel livre écrit par quelqu’un de votre entourage plus ou moins immédiat, pensez aux fois où vous n’avez pas écouté la musique de tel ami, aux fois où vous n’avez même pas regardé les oeuvres de tel autre… comme il m’est arrivé, moi aussi, de ne pas le faire, je l’avoue honteusement…
[…] ce qui ne racole pas, ce qui n’interpelle pas, ce qui ne montre pas, ce qui ne prends pas place sous la lumière des réclames, tout cela n’a pas la force de nous réclamer quoi que ce soit, nous ne le prenons pas au sérieux, nous n’y donnons pas suite, nous n’y collaborons pas, nous ne le reconnaissons pas, nous ne l’appliquons pas; nous ne le consommons pas -bref, cela reste pour nous ontologiquement infraliminaire, cela n’existe pas « là » (au sens pragmatique).
Günther ANDERS (1970)
« L’OBSOLESCENCE DE L’HOMME – Tome II – Sur la destruction de la vie à l’époque de la troisième révolution industrielle. »
Editions Fario, p159