Liberté, indépendence et travaux cérébraux, selon Alfred Korsybski (+ traduction)

Liberté, indépendence et travaux cérébraux, selon Alfred Korsybski (+ traduction)

« The United States of America proclaimed the doctrine that man is ‘free and independent’, while, in fact, he is not free, but, is inherently interdependent. The Soviets accepted uncritically an unrevised antiquated doctrine of the ‘dictatorship of proletarians’. In practice, this would mean the dictatorship of unenlightened masses, which, if left actually to their creeds, and deprived of the brain-work of scientists and leaders, would revert to primitive forms of animal life. Obviously, these two extreme creeds violate every typically human characteristic. We are interdependent, time-binders, and we are interdependent because we possess the higher nervous centres, wich complexity animals do not possess. Without these higher centres, we could not be human at all ; both countries seem to disregard this fact, as in both the brain-work is exploited, yet the brain-workers are not properly evaluated. The ignorant mob, with its historically and psycho-logically cultivated animalistic semantic responses, retards human progress and agreement. Leaders do not lead, but the majority play down to the mob psycho-logics, in fear of their heads or stomacs.

In both countries, the semantic responses are such that brain-work, although commercially exploited, is not properly evaluated, and is still persecuted here and there. For instance, in the United States of America, we find court trials and resolutions against the work of Darwin, in spite of the fact that without some theory of evolution most of the natural sciences, medecine included, would be impossible. In Russia, we find degrees against researches in pure science, without which modern science is impossible. Both countries seemingly forget that all ‘material’ progress among humans is due uniquely to the brain-work of a few mostly underpaid and overworked workers, who exercise properly their higher nervours centres. With science getting hold of problems of semantic responses and sanity, our human relations and individual happiness will also become the subject matter of scientific enquiry. If international and interdependent brain-workers produce discoveries and inventions, any one, even of the lowest development, can use or misuse their achievements, no matter what ‘plan’ or ‘no-plan’, is adopted. Both countries seem at present not to understand that a great development of mechanical means and the application of scientific achievements exclusively for animal comfort fail to lead to greater happiness or higher culture, and that, perhaps, indeed, they lead in just the opposite direction. Personnaly, I have no doubt that some day they will understand it ; but an earlier understanding of this simple semantic fact would have saved, in the meantime, a great deal of suffering, bewilderment, and other semantic difficulties to a great number of people, if the rulers in both countries would be enlightened enough and could have foreseen it soon enough. »

 

Alfred Korzybski, « Science And Sanity », fifth edition, p270-271.

 

Proposition de traduction (Alec Tritème) :

 

« Les USA proclamèrent que les hommes étaient ‘libres et indépendants’, alors qu’en fait ils ne sont pas libres mais intrinsèquement interdépendants. L’Union Soviétique accepta inconditionnellement une antique et poussiéreuse doctrine de ‘dictature du prolétariat’ qui, en pratique, ne signifierait que la dictature des masses non-éclairées. Ces masses, abandonnées à leurs croyances et privées des lumières qu’auraient pu leur apporter les travaux cérébraux de leurs scientifiques et de leurs meneurs, ne feraient que retourner à des formes primitives de vie animale. De façon évidente, ces deux croyances opposées font violence à toutes les caractéristiques qui pourraient définir l’espèce humaine. Nous sommes interdépendants et capables d’apprendre du passé [nous sommes des ‘relieurs de temps’ selon l’expression d’Alfred Korsybski ‘time-binders’, ndt], et nous sommes interdépendants parce que nous possédons un système nerveux supérieur, d’une complexité inconnue [à notre connaissance ndt] par le reste du monde animal. Sans ce système nerveux particulièrement développé, nous ne pourrions pas être humains du tout ; chacun de ces pays semble ignorer ce fait, puisque chacun d’eux tente d’exploiter ses travailleurs cérébraux sans prendre la peine de les évaluer correctement. La populace ignorante, avec ses réponses sémantiques animales soigneusement entretenues, historiquement et psycho-logiquement, retarde les progrès et l’entente de l’ensemble de l’espèce humaine. Les meneurs ne mènent pas, mais la majorité tente de minimiser [momentanément, ndt] les effets psychologiques de la populace, par peur aussi bien de leurs têtes que de leurs estomacs.

Alors que chacun de ces pays essaie d’exploiter commercialement les travaux de leurs travailleurs cérébraux, leurs réactions sémantiques les entraînent à une mauvaise évaluation de ceux-ci, voire à leur persécution de ci de là. Par exemple, aux USA, se mènent encore des procès et des résolutions judiciaires contre les travaux de Darwin, en dépit du fait que sans quelque théorie de l’évolution la plupart de sciences de la vie, médecine incluse, seraient impossibles. En Russie, des mesures sont prises contre certaines recherches en science pure, sans lesquelles la science moderne est impossible. Les deux pays oublient apparemment que tout progrès ‘matériel’ au sein de l’espèce humaine est uniquement dû au travail cérébral de quelques rares travailleurs cérébraux capables d’utiliser leur système nerveux supérieur à bon escient, tout en étant pour la plupart sous-payés et sur-exploités. Quand la science s’emparera véritablement de l’étude des réactions sémantiques et de la santé mentale, nos relations humaines et notre bonheur individuel deviendront à leur tour des sujets d’étude scientifique. Quelles que soient les découvertes et les inventions produites par les meilleurs travailleurs cérébraux inter-dépendants du monde entier, tout le monde, y compris les personnes les moins évoluées, peut utiliser leurs découvertes à bon ou mauvais escient, quel que soit le plan, ou l’absence de plan, adopté. Les deux pays ont l’air aujourd’hui de ne pas comprendre [en 1933, ndt] que tout développement aussi fantastique soit-il des applications scientifiques et des moyens mécaniques [et énergétiques, ndt], mené exclusivement dans un but de confort purement animal, ne peut en aucun cas mener à un plus grand bonheur ou à une plus grande culture, alors que peut-être, en fait, cela ne mène qu’à exactement le contraire. Personnellement je ne doute pas qu’ils le comprendront un jour ; mais, dans l’intervalle, une compréhension plus rapide de ce simple fait sémantique aurait pu sauver un grand nombre de personnes d’une grande quantité de souffrance et d’égarements, si seulement les dirigeants de ces deux pays avaient été suffisamment éclairés et avaient pu prévoir cela suffisamment tôt. »

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