Écrire
Je vais peut-être me remettre à écrire, après que ce type ait sorti un bouquin sur moi. Il m’a appris la simplicité, ce bouquin.
J’étais bloqué, depuis la sortie de Homo Sapiens Mon Cul, par la vanité d’écrire encore quoi que ce soit. Quel intérêt d’écrire quoi que ce soit après Homo Sapiens Mon Cul ? Non que je n’aie encore des choses à dire, mais quelle importance ? Que puis-je faire de plus pour changer la marche des choses après avoir fourni ce bouquin définitif ?
Alexandre Trijoulet et son « Apocalypse Selon Tritème » m’ont appris la simplicité, oui. J’en reparlerai sans doute.
La seule chose qui importe, selon moi, aujourd’hui, est de dire (ou d’écrire) ce que l’on a à dire, quelque part, prendre la parole, et basta. On sait bien que cela ne sert à rien. Sauf à ce que je ne ferme pas ma gueule. Dire que, malgré tout, je ne suis pas encore mort.
Prendre la parole, oui.
Pleurer dans le désert n’est pas une activité si futile.
C’est déjà ça, tant qu’il y a encore du sable, et de l’eau dans mon corps.
Que ceux qui m’aime, que j’aime, mes amis, sans oublier les simples connaissances qui me réchauffent régulièrement le cœur, n’imaginent pas que je les pense négligeables. Ce désert est peuplé d’hères, qui se croisent, s’aiment, se soutiennent, partagent, discutent, échangent, se comprennent. Mais nous ne pouvons toujours rien à la sécheresse du sable et à la chaleur écrasante du Soleil.
J’écris donc pour eux, cette poignée de gens merveilleux d’être encore là, et tant pis si mon rêve d’être écouté et d’échanger avec des inconnus éclairés ne se réalise jamais.
Je n’ai jamais rêvé que d’une chose : prendre la parole. Ironie de la vie, je suis une personne plutôt silencieuse, taiseuse, et toujours déçue par les mots qui sortent. Et puis j’ai peur que mes mots fassent du mal, que mon désespoir se communique. Je n’ai pas envie, au fond, de plomber le moral des gens que j’aime. Alors je me tais, la plupart du temps.
L’écriture permet de sortir de cette peur. Un livre est un livre. Ce n’est pas une discussion, ce n’est pas une opinion, ce n’est pas quelqu’un en face de moi qui peut penser que je l’attaque personnellement ou que je remets en cause son être profond. Un livre peut toujours être fermé. La lecture peut être arrêtée à tout moment, sans drame, sans effort, sans problème. Voilà la grande liberté de la littérature : c’est l’absolue liberté du lecteur. Voilà pourquoi je pense que la liberté d’expression en littérature devrait être totale et non négociable (étant entendu que l’attaque personnelle ne peut pas faire littérature). Nous en sommes encore loin, et nous régressons chaque jour, malheureusement.
A bientôt,
Alec Tritème,
Dimanche 13 Septembre 2020