Frustrés de la liberté de regretter la liberté – Günther ANDERS

Frustrés de la liberté de regretter la liberté – Günther ANDERS

Notre passivité et, avec elle, notre assujettissement sont désormais complets. Si, rendus affairés, nous sautons dans le déguisement multicolore de la prétendue activité et de la prétendue liberté, alors nous sommes même frustrés de la liberté de regretter la liberté; si, transformés en consommateurs forcés, nous partons en quête de marchandises pour qu’elles nous encombrent jusqu’au tréfonds de notre âme, alors nous avons aussi renoncé à cette ultime réserve d’intimité, de liberté et de dignité inaccessibles de l’extérieur dans laquelle nos ancêtres -d’Epictète à ceux qui, hier encore prêchaient l' »authenticité » existentielle-  pouvaient encore se retirer. Aujourd’hui, de même qu’il n’existe plus de murs entre « l’intérieur et l’extérieur » du fait que notre « intérieur » est encombré par les marchandises qu’on y livre, il n’y a plus de mur entre ce qui est actif et ce qui est passif, entre ce qui est libre et ce qui ne l’est pas. Même si cela semble contredire les règles habituelles de l’arithmétique, le dépassement de cette différence résulte de l’hégémonie de la passivité et de la non-liberté.

Günther ANDERS (1970)

« L’OBSOLESCENCE DE L’HOMME – Tome II – Sur la destruction de la vie à l’époque de la troisième révolution industrielle. »
Editions Fario, p148

 

« L’Obsolescence de l’home » (tome 2) – Günther Anders

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